Sur la scène du Salon ARQ (Association Restauration Québec) Contacts qui avait lieu au CECi, Mario Vincent et Jacques Veilleux affichaient fièrement leur prix commémoratif remis par la Fondation ARQ, histoire de souligner leur résilience, après respectivement 25 ans et 15 ans dans leur établissement respectif.
«Vu la pénurie de main-d’oeuvre, je veux remercier les gens qui travaillent pour nous depuis le début. C’est très important de souligner leurs efforts», a déclaré le premier, propriétaire du Maman Fournier. «Remerciements à notre fidèle clientèle et nos employés passés, présents et ceux qu’on espère avoir dans le futur», a lancé le second, propriétaire du Scores.
Autant de commentaires spontanés qui trahissent la préoccupation des restaurateurs, soit le manque de personnel. «Je suis ouvert du mardi au dimanche. Je ne suis pas capable d’ouvrir le lundi parce que je manque de cuisiniers. En ce qui a trait au service, ça va bien. En cuisine, on a beaucoup de misère à trouver du monde», confie M. Veilleux.
Chez Maman Fournier, la recherche infructueuse de cuisiniers n’est pas étrangère à la fermeture du restaurant des Récollets le dimanche soir et le lundi soir, ni à l’arrêt temporaire des opérations sur le boulevard Thibeau.
«Mon père retourne faire de la cuisine et moi, je vais donner un petit coup de main à la plonge. Les gestionnaires participent aux opérations. On doit malheureusement mettre un frein sur des périodes d’achalandage. On est obligé de ralentir les cadences pour permettre à la cuisine de fournir», explique le fils de Mario Vincent, Mathieu Vincent.
Selon lui, les gens cherchent une qualité de vie sans un horaire de soir et de fin de semaine. «C’est ce qu’on essaie de donner. On a eu quelques curriculum vitae, mais les gens font juste appliquer et ne se présentent pas à l’entrevue ou à la journée de formation. Pourtant, on a augmenté nos salaires», ajoute le directeur de Maman Fournier.
«Il n’y a personne qui gagne en bas de 16 dollars de l’heure. Chez nous, pour attirer et fidéliser, on donne une prime de trois dollars de l’heure à nos cuisiniers la fin de semaine», souligne-t-il.
Chez Scores, Jacques Veilleux parle d’un salaire qui se situe entre 16 et 20 dollars l’heure pour les cuisiniers. D’ailleurs, selon les chiffres fournis par l’ARQ, le taux horaire pour ce type de profession était de 19,40 dollars en moyenne en septembre dernier.
Un sujet sensible en raison de la controverse entourant un affichage de poste de cuisiniers à 13,50 $ l’heure au célèbre restaurant Au Pied de Cochon. Le propriétaire Martin Picard a eu l’occasion de s’expliquer à ce sujet dans les médias.
«Dans la pénurie actuelle, on voit que les salaires ont augmenté de 15 % depuis 2019. Je ne crois pas qu’il y ait une volonté d’afficher un poste à 13,50 $. C’est sûrement un salaire de départ qui sera évalué après», croit le directeur, affaires publiques et gouvernementales, à l’ARQ, Martin Vézina.
Lors de la remise des prix aux deux restaurateurs, le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche, les a remerciés d’avoir été là au cours des deux dernières années.
« Je suis moi-même le fils d’une dame qui a travaillé à peu près toute sa vie dans les restaurants. Je sais la dose de courage que vous avez eu au cours des deux dernières années. Merci d’avoir été là pour nous et d’avoir créé toutes sortes de choses, vous vous êtes réinventés», leur a-t-il transmis comme message.